
L'art du Moyen-Orient
Considérée comme la plus ancienne danse au monde, la danse orientale, mieux connue sous le nom de baladi ou danse du ventre ou encore bellydance en anglais, tire ses origines des traditions des pays du Moyen-Orient et plus particulièrement de l’Égypte. Art millénaire, on l’associe souvent aux Mille et une nuits de par son caractère mystérieux, sensuel et envoûtant. En se laissant bercer par la musique enivrante, la danse orientale nous fait voyager à travers les traditions culturelles du monde arabe.
Pratiquer régulièrement la danse orientale apporte un bien-être général. Caractérisée par des mouvements isolés de l’abdomen, elle implique quand même tout le corps. En plus d’accroître la vitalité, la souplesse et le raffermissement musculaire, elle facilite l’expression et le développement de la grâce et contribue à augmenter l’estime de soi tout en faisant oublier les soucis quotidiens.
Historique de la dans Orientale
Il s’avère difficile de retracer les origines de la danse orientale (raks sharqi) puisqu’elles remontent à plusieurs millénaires. Toutefois, il semble que cette danse émergea à l’est du bassin méditerranéen, possiblement dans l’Égypte ancienne. À l’origine, il semblerait que ce style de danse fut lié aux rites de fertilité associés à la Déesse-Mère. Non seulement glorifiait-on la conception et l’enfantement mais de façon plus large, la Vie qui passait à travers la Terre nourricière.
Danse sacrée, la danse orientale servait aussi à accompagner la femme lors des accouchements. Les mouvements ondulatoires de l’abdomen aident la femme qui accouche à entrer dans la contraction et les mouvements de rotation aideraient à atténuer la douleur. Au fil du temps, l’influence des femmes diminua et de sociétés matriarcales, on passa à des sociétés dirigées par les hommes. La danse orientale subsista mais fut transformée graduellement en divertissement profane. C’est dans les pays islamiques du Proche et du Moyen-Orient qu’elle s’est le mieux conservée et s’est raffinée.
Ainsi, la danse orientale était pratiquée par les almées (danseuse égyptienne versée vers les arts, en particulier la musique et la poésie) à la cour, dans les harems et chez les familles fortunées. De leur côté, les danseuses « bas de classe », souvent des prostituées, divertissaient les familles moins riches et les passants dans les rues et plus tard, les soldats venus coloniser la région. En Égypte, il y avait aussi des ghawazi (danseuses professionnelles, tziganes descendantes de tribus indiennes) qui jouaient ce rôle. Découverte en Europe et aux Etats-Unis à la fin du 19e siècle, la danse orientale allait créer un engouement dans les spectacles de vaudeville qu’Hollywood a su répandre par la suite. C’est à partir des années 1920 que la danse orientale s’est vraiment popularisée alors que s’implantaient les premiers cabarets en Égypte destinés à divertir les touristes européens. Cette popularité a atteint son apogée entre les années 1950 à 1980. De nos jours, à cause, entre autres, des changements dans les mœurs et dans la ferveur religieuse, la danse orientale telle que dansée dans les cabarets et boîtes de nuit s’éteint à petit feu en Égypte. Moins de spectacles sont offerts au public et ce sont les danseuses étrangères qui ont envahi l’industrie.
Une chose est sûre, on sait que depuis toujours, les femmes dansent entre elles derrière les portes closes par plaisir ou pour passer le temps et n’arrêteront pas de le faire de sitôt. D’ailleurs, dans plusieurs pays arabophones, la tradition demeure et la danse orientale est présente dans les rencontres sociales telles que les mariages, anniversaires ou naissances alors que les femmes, les hommes comme les enfants dansent ensemble.
Caroline Labrie, inspirée de diverses sources dont Suzanne De Soye, Wendy Buonaventura, ainsi que plusieurs autres lectures prises ici et là sur Internet ou ailleurs.
Pour des lectures intéressantes à propos de la danse orientale, je recommande:
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BUONAVENTURA, Wendy, Les mille et une danses d'Orient, (trad. de Serpent of The Nile), Éd. Arthaud, Paris, 1989, 206 p.,
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HENNI-CHEBRA, Djamila, POCHÉ, Christian, Les danses dans le monde arabe ou l'héritage des almées, Éd. L'Harmattan, Paris, 2003, 169 p.
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DE SOYE, Suzanne, Images de la danse orientale, Édité par l'auteur, Paris, 2001.
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DE SOYE, Suzanne, La danse orientale et ses accessoires, Édité par l'auteur, Paris, 1994 - épuisé.
Saviez-vous que...
Le mot « baladi » désigne un style de danse parmi toutes les danses du Moyen-Orient*, le « raks baladi ». En effet, c’est un genre folklorique d’Égypte, qui se danse habillé d’une robe longue., les pieds bien à plat. C’est une danse solo qui est improvisée.
Au Québec, beaucoup de danseuses vont dire : « Je fais du baladi ». Cela revient à dire : « Je fais de la valse » plutôt que de la danse sociale. Cependant, dans notre belle province, la plupart des danseuses danseront un style plus classique (costume deux pièces, incorporation de mouvements de ballet et danse sur la pointe des pieds, utilisation du voile, etc) qui est en fait du raks sharki (ou danse orientale) mais vont continuer d’appeler cette danse baladi. Certaines personnes trouvent que l’emploi du mot baladi dans ce contexte est réductif et vont préférer utiliser l’expression danse orientale. C’est pourquoi on entend de plus en plus de gens parler de la danse orientale plutôt que du baladi pour désigner cette danse. D’autres se plairont à utiliser le mot baladi parce que, au Québec, selon toute vraissemblance, on en est venu à donner une nouvelle signification à ce mot qui est équivalant à danse orientale, danse du ventre ou bellydance. En tout cas, quelle que soit la terminologie que vous employez, ne cessez pas de danser!
*Le baladi est aussi un rythme dans la musique moyen-orientale.